•/ Move #2 /•
Doucy-en-Bauges.
« Drâche! » on dirait chez nous. Le stade juste au-dessus du crachin.
Tout à l’heure l’air était « cru » ( aurait dit ma grand-mère: une froideur humide).
À la sortie de l’église d’École, l’air chaud doux de dehors contraste avec l’intérieur, et donne envie de laisser les portes ouvertes, réchauffer l’église crue.
Photo de rivière, drôle de lumière, la blancheur lumineuse de certaines choses, l’écume. La mousse.
Le flot.
Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
Ceux qui restent.
Amassent mousse.
Ceux qui passent.
Pierres qui roulent.
Quand est-ce qu’on passe, quand est-ce qu’on amasse?
Je flotte dans un stéréotype alpin. Y’a du sapin. Partout. Ma hantise. Ça sent l’sapin. Y’a du chalet.
Mais y’a « chalet » et « chalet ». Et le chalet quand il n’est plus un chalet mais une simple image de chalet m’indispose. Quand la réplique ne semble plus issue d’un savoir-faire « authentique », mais la simple copie, fade, d’un style – je tique.
Au final ça ressemble à un chalet, mais y’a « chalet » et « chalet », certains tiennent et d’autres non.
Comme si le savoir-faire en dessous de l’image n’est plus.
L’authenticité…
Ça tient à quoi?
Quel est ce crédit d’authentique accordé à l’image?
Qu’est-ce qui parait faux?
Et qu’est-ce qui semble vrai?
On partait vers Jarsy. Déviés, par nous-mêmes, ou la situation?
Un panneau, un chemin qui appelle plus qu’un autre prévu. Le désir. Le pouvoir. De changer.
Aucun impératif derrière… être rentré pour le repas, un rendez-vous, un mail à envoyer…
Tout cela joue.
En nous.
Au moment de choisir.
Carrefour.
En anglais, ils disent « Crossroads ». Et chaque seuil, chaque choix, questionne notre nature profonde.
Se fermer simplifie.
L’autoroute nous avale pour un segment sans autres possibles. Les oeillères nous aident à avancer, sans trop de questions sur les à-côtés. L’accélération, la vitesse prise, par son inertie, nous apporte le réconfort de ne pas avoir à choisir.
Se laisser porter par le flux.
Le Chéran charrie le réchauffement. La masse neigeuse change d’état. Liquide. Migrant.
La maison forestière de Bellevaux. Là, une authenticité reconnue. Sentie.
Rénovations minimales. Humbles.
J’aurais bien dit « juste » mais ce terme me trahit trop.
Je la trouve « juste » cette maison. Elle me parle intimement.
Non ostentatoire.
Un faire sans une volonté de paraitre, sans vouloir faire « signe ».
Juste être.
Notre authenticité?