Punctum #2

•/Punctum #2/•

Je fais des photos du Chéran charriant ses flots de neige fondue.
La photo pour moi (+ R.B.) est un punctum. Un point.
Sans doute même une ponctuation, image consultée dans le présent pointée.

La photo est une réalité. Mise au point. Représentée. Cadrée. Encadrée.
La réalité réduite à une fenêtre. Attrapée.

Je divise les articles de ce carnet en deux sections, les lignes ( •/ Move /• ) et les points (•/Punctums/•)
Peut-être ne devrais-je mettre rien d’autre qu’une photo dans les •/Punctums/• de ce carnet.
Un point c’est tout.

Pas de texte.
Le texte est une ligne. ( •/ Move /• )
Un texte, même, linéaire, courant sur plusieurs lignes, peut-être en lui-même un point.
Un petit pré carré. Cadré. Entre parenthèses.
Si le texte tourne sur lui-même, en spirale, en gidouille, n’est-il pas, de loin, une ligne se faisant point?

Je fais des photos du Chéran charriant ses flots de neige fondue, sentant que quelque chose se joue, l’envie de faire la photo me porte, là, dans ce moment.

Je creuse le flot.
Je photographie comme j’écris.
Intuitif.

Sur mon appareil photo son nom est écrit: « Stylus ».
Pour moi ça veut dire beaucoup.
Je photographie comme j’écris, dis. Notation. Silencieuse.
Je fige. Dans le silence.
Et ce silence, en vous, j’espère, ouvre une voix.

« Je ne peints pas l’estre, je peints le passage » Montaigne, Essais, III, 2

Cette photo-ci parle de ce flot, tumultueux, à peine attrapé, tenté néanmoins.
De cette énergie, fuyante dans un lit s’emballant, conduite, canalisée, charriée. Jamais retenue.
D’un contenant. D’une force qui va.
D’une force qui va. Et d’un contenant.
Ne retenant que peu.

Et sur les rives inertes, ou mues d’une métamorphose moins spectaculaire, plus lente, j’observe, immobile, ce flux.

Je vais beaucoup me répéter à ce sujet.

Jusqu’à trouver la forme juste.

Veuillez me pardonner.